Milo-Vacéri,Gilles – 1,2,3 nous irons au bois
Présentation de l’éditeur
Alors qu’ils sont en vacances en Corse, Matteo Costa, un policier de la Criminelle, et sa petite amie, Jordan MacDonald, échappent de justesse à un accident de voiture. Comme si cela ne suffisait pas, la jeune femme est convoquée à une réunion de famille qui se déroulera sur l’île de Righ Eilean, dans les Hébrides Extérieures, au large de l’Écosse. Matteo accepte de suivre Jordan et fait la connaissance de sa grand-mère, Marie-Élisabeth MacDonald, ainsi que du reste de sa famille. Malheureusement, une tempête phénoménale les bloque sur l’île et les systèmes de communication sont tous sabotés. Le policier apprend qu’il y a longtemps, le grand-père de Jordan aurait été assassiné et que son meurtrier serait aujourd’hui parmi eux. Costa suppose que Marie-Élisabeth n’a plus toute sa tête, mais quand un premier meurtre est commis, il doit se rendre à l’évidence et le séjour tourne au cauchemar. Coincé sur une île avec un criminel diabolique en liberté, sans arme et sans moyen scientifique, Matteo n’a que son flair et son intelligence pour mener l’enquête et tenter de débusquer le coupable. Dans ce huis clos angoissant, Matteo Costa parviendra-t-il à arrêter l’assassin avant qu’il ne commette un autre meurtre ? Une seule vérité demeure : il faut toujours se méfier des apparences et dans cette citadelle écossaise, perdue dans une tempête effroyable, elles pourraient être mortellement trompeuses…
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Biographie de l’auteur
Dans la vie mouvementée de Gilles Milo-Vacéri, ponctuée d’aventures, de voyages et de rencontres singulières, l’écriture fait figure de fil rouge. C’est dans les mots que Gilles trouve son équilibre, et ce depuis toujours : ayant commencé à écrire très tôt, il a exploré tous les genres – des poèmes aux romans, en passant par le fantastique et l’érotisme – et il ne se plaît jamais tant que lorsqu’il peut partager sa passion pour l’écriture avec le plus grand nombre.
~~~~~~~~~~ Partenariats, forums et Lectures communes
Lecture en partenariat avec les éditions du 38.
~~~~~~~~~~ Mon avis:
Vous savez que je suis une fan incontestée de cet auteur en tous genres qu’est Gilles Milo-Vaceri et parfois j’avoue avoir peur d’être déçue et repousser ma lecture aux dernières limites pour éviter cet écueil. Mais il sait à chaque fois me surprendre et avec ce nouveau roman à tendance écossaise il a encore su trouver les mots.
Dans une ambiance posée avec brio, il nous emmène à la suite de Matteo Costa, flic corse de son état dans une enquête à la fois présente et passée.
Sa fiancée, Jordan McDonald, écossaise pure souche, l’a traîné à son corps défendant (vous comprendrez rapidement pourquoi) sur une île perdue écossaise appartenant à son clan pour une réunion familiale de la plus haute importance selon l’avis de sa grand-mère.
Marie-Elisabeth McDonald, la grand-mère m’a de suite plu. Elle a beaucoup donné d’elle-même à Jordan et du coup cet attachement de lectrice se transpose sur ses deux personnages. Elles sont fortes, têtues, acharnées et la flamme vengeresse brille dans leurs yeux. Etre une McDonald n’est pas qu’un état patronymique à leurs yeux, il s’agit un sacerdoce. On naît ou on devient McDonald mais une fois dans la famille on le reste jusqu’à la mort avec l’honneur, la ténacité et la probité qui vont avec. Enfin, est-ce le cas de ces deux femmes si semblables malgré leur différence d’âge.
Le reste de la famille n’est pas vraiment atypique, des dissensions, des secrets dont nous allons bénéficier avec délice, et un squelette dans le placard qui risque bien de tout chambouler.
Rajoutons à cela une tempête digne du roman de Shakespeare éponyme et vous avez une scène magnifique pour un thriller à la Agatha Christie. Reste à attendre de voir si Matteo a, en lui, un soupçon ou plus de cet autre policier qu’est Hercule Poirot face aux dilemmes laissés par la disparition de Marie-Elisabeth.
C’est donc une ambiance de fin du monde, sur un îlot perdu des Hébrides, entourés d’une mer déchaînée et coupés de tout contact extérieur que vont se dérouler les faits. Et la plume de l’auteur va savoir saisir les moindres images ou caricatures que l’on porte aux écossais. Sauf le kilt! À mon grand regret je ne saurai toujours pas s’ils sont véridiquement fesses nues sous la jupette.
Entre le repas de spécialités à faire frémir un gourmet, les fantômes de ce château médiéval, les caractères fougueux et emportés de certains ou au contraire pétris d’honneur et de justice d’autres et cette météo digne d’un film d’horreur on est emporté dans le récit de façon quasi instantané dès que l’on a posé le pied sur l’île.
Bon soyons réaliste j’avais déjà craqué pour Matteo avant du fait de ses faiblesses avouées mais aussi de son caractère pur corse là-aussi.
J’ai émis quelques hypothèses qui, je l’avoue me faisait un peu de peine. J’ai essayé de trouver des indices, fait aussi un peu l’autruche quand mes conclusions ne me plaisaient pas mais je n’ai jamais lâché ma liseuse et l’ai dévoré de bout en bout. Parce que, même fatiguée, le scénario se déroule de telle manière que l’on est, comme Jordan, piquée au vif de ne pas réussir à faire cracher Matteo au bassinet comme le dit l’expression. Il nous mène à sa suite dans l’enquête, semble revenir bredouille et pourtant les idées affluent et des éléments semblent se mettre en place mais jamais il n’en souffle mot.
Petit à petit il prend de l’ascendant sur les protagonistes et cela nous permet de les cerner un peu plus et ce n’est pas toujours joli-joli. Un beau panel d’hypocrites, de traîtres et obsédés en tous genres! Belle famille qu’a là Jordan et qu’elle découvre hélas dans le drame.
Mais justement c’est cela qui fait toute l’ambiance tendue, cet huis clos dramatique et lourd de non-dits ou de secrets révélés. Tous semblent coupables ou presque. Même les plus innocents finissent par nous faire douter. Et qui donc est Eileen? Cette petite fille fantôme qui semble apparaître pour annoncer un drame? Une hallucination due aux sentiments de culpabilité de chacun? Un vrai fantôme?
J’ai découvert tout cela au fil des chapitres et je me suis régalée. Il n’y a pas à dire, Gilles a su poser son ambiance et depuis Terre des loups j’aurais tendance à dire que le surnaturel lui va comme un gant et nous rajoute une bonne raison d’aimer car ici il fait partie du contexte écossais avec ses traditions et coutumes. Tout comme il le faisait pour les peuples amérindiens de Terre des loups. J’aime cette part presque magique qui pousse le lecteur et le héros hors de leurs retranchements et surtout hors d’un côté rationnel et cartésien bien sécurisant.
C’est donc encore et toujours une belle réussite même si j’ai regretté quelques détails sur la fin qui semblaient se dérouler trop facilement mais bon Gilles n’aime pas les histoires qui finissent mal donc ça ne m’a pas si dérangée que cela au final. Et j’ai presque eu de la peine d’avoir raison sur mes soupçons principaux, pourtant je n’avais alors, sans le savoir, découvert que le sommet de l’iceberg. Les secrets de cette île sont nombreux et vont amplement vous faire frémir dans cette chasse au tueur invisible.
Un bon thriller bien ficelé et à l’ambiance lourde à souhait !
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