Laroche Agnes – Prunelle sorcière rebelle

Prunelle #1 Sorcière rebelle Agnès LAROCHE Editions Rageot Sortie le 20 janvier 2021

En bref : J’avoue avoir grandement apprécié la qualité de plume d’Agnès Laroche et les leçons de vie qu’elle inculte aux lecteurs au travers des aventures de ses héros. Amitié, compassion, réflexion sont mises en avant, Mais aussi la responsabilité face à ses actes. Un très bon roman jeunesse qui m’a été conseillé par ma fille de 10 ans;)

Mon avis :

Nous somme ici dans un univers de magie. Deux sortes y coexistent et déterminent le monde: la magie douce et la magie forte.Hélas c’est aussi un monde où le sexisme fait loi. Et où les rôles sont cantonnés à une loi et non aux qualifications de chacun.

Les sorciers mâles seuls « capables » de pratiquer la magie forte sont appelés Éclaireurs, à eux les rôles de défense du territoire, de création de bâtiments, de passerelle, aux soins importants comme les grosses blessures… Bien entendu, ces missions considérées comme essentielles donnent à la plupart des Eclaireurs l’impression de leur importance et donc une certaine condescendance au détriment des femmes. Nous en avons un parfait exemple avec Levain, frère de Prunelle qui ne rate aucune occasion de la rabaisser. Pour lui rien ne vaut la magie forte, la magie des hommes, des braves, des gens utiles. Je le hais profondément lui et ses semblables pour cette façon de penser qui n’est pas sans rappeler hélas notre culture actuelle sur certains points,

Au contraire les femmes cantonnées à la magie douce ont pour doux nom Sorcerelle. C’est un surnom déjà qui dénature leur rôle en les qualifiant de moins que sorcière, tout juste capable de faire de la magie. On les cantonne dans des rôles que les hommes considèrent négligeables ou tout du moins pas assez virils pour eux mais pourtant vous verrez en lisant que ce qu’elles accomplissent n’en est pas moins essentiel pour la survie de leur peuple. L’amour, la compassion, les soins légers, l’importance de garder le moral dans le village et d’alléger les peines des uns et des autres sont leurs tâches. Elles sont ainsi le soutien de ceux qui travaillent en allégeant leurs fardeaux. On pourrait dire que l’auteure dépeint une société interdépendante qui pourrait être plutôt idéale si cela n’était pas poussé à l’extrême en obligeant les uns et les autres à un rôle du à leur sexe et non à leurs compétences ou aspirations .

Prunelle, jeune Sorcerelle aime ce qu’elle fait mais sent bien qu’elle n’est pas que cela. AU fond d’elle-même elle aspire à plus. Elle va ainsi se découvrir un beau matin la possibilité de faire de la magie forte et comprendre que c’est ce qui lui manquait pour se sentir complète. Hélas, elle va aussi comprendre que tout l’amour des siens ne vaut rien face à une loi inique et cruelle et à des préjugés sexistes et cruels. Elle sera donc condamnée sans être écoutée, jugée sans procès, sans moyen de défense.

En suivant Prunelle, sa vie de Sorcerelle d’abord puis la découverte de ses pouvoirs on sent tout le cheminement des préjugés et de l’éducation inculquée aux femmes de cet univers. On sent aussi que l’on n’est pas ce que la société veut que l’on soit. On ne l’est pas et on ne le naît pas non plus. La révolte personnelle de Prunelle, son envie de changer les mœurs au travers de ses actions, sa confiance en l’amour des siens pour la soutenir et non la juger la rende naïve et attachante.

Les réactions masculines autour d’elle n’en font que plus grincer des dents. L’application de la loi sans réflexion ou même enquête au cas par cas la rend arbitraire et injuste. Et c’est l’espoir qui retombe pour Prunelle et ses aspirations novatrices. Mais c’est aussi une profonde déception, un déchirement face à ses proches qu’elle ne comprend pas.

Tout ce tome va nous montrer cette injustice mais aussi qu’il ne faut jamais agir sans réfléchir aux conséquences. La révolte et la rébellion sont des réactions que l’on considérera comme normales en voyant ces excès, ces brimades. Pourtant l’auteure, parfois au détriment des personnages que l’on va apprendre à apprécier, va nous donner quelques leçons de vie fort belles mais aussi parfois cruelles. Car nous le verrons, certains l’ont peut être même expérimenté dans leur vie, mais même avec la meilleure bonne volonté du monde on peut déclencher le chaos. De même, en voulant trop protéger ses proches on peut être amener à agir inconsidérément de leurs propres sentiments, ET ce qui partait d’une bonne intention devient incompris et injuste.

«L’enfer est pavé de bonnes intentions » dit le dicton. Je pense que l’auteure a pu penser à lui lors de son écriture car beaucoup des rebondissements de ce tome en sont un bel exemple.

J’ai hâte de suivre la suite des aventures de Prunelle, de la voir évoluer face à l’adversité et revenir en force plus mature et décidée à changer le monde.

Présentation de l’éditeur:

Prunelle est une sorcerelle qui pratique la magie douce pour améliorer la vie des habitants du comté de Tendreval. Un jour, instinctivement, elle lance un sort de magie forte, strictement réservé aux sorciers, les Eclaireurs. Or le père de Prunelle est le chef des Eclaireurs… Prunelle est confrontée à un dilemme  : cacher la vérité à son père qu’elle adore ou lui avouer qu’elle a trahi sa confiance. Elle hésite, mais comment ignorer l’appel de la magie qui palpite en elle  ?

Lire un extrait ci-dessous:

Prunelle, sorcière rebelle Extrait du livre Prunelle, sorcière rebelle par Agnès Laroche

L’auteure:

Agnès Laroche est née en 1965 à Paris, elle vit aujourd’hui à Angoulême. Son principal trait de caractère : la distraction, son mari et ses trois enfants peuvent hélas en témoigner chaque jour ! Même quand elle est là, elle est ailleurs. Un ailleurs où fourmillent les rêves et les idées grâce auxquels elle invente des histoires pour les enfants, les adolescents ou leurs parents. Elle est l’auteur de nombreuses fictions diffusées à la radio, de romans pour la jeunesse et de récits publiés en presse enfantine. Son plus grand plaisir : faire en sorte que ses livres soient autant de petites maisons dans lesquelles les lecteurs se sentent chez eux, de la première à la dernière page.